Il existe une diversité des approches spatiales des réseaux urbains. Schématiquement, deux branches coexistent : d'une part les études qui portent sur les infrastructures de transport, telles que le réseau routier, et d'autre part celles qui portent sur le semis des villes. Ces dernières ont abordé les semis comme des systèmes socio-spatiaux dont elles ont interrogé les propriétés. La taille des villes en est une des clefs de lecture, notamment dans le cadre de l'observation de régularités des formes géométriques de différenciation hiérarchique (Haggett 1973, Pumain 1997). Dans cette optique, les géographes rendent souvent compte de la taille des villes au moyen de leurs populations.
L'application de cette approche dans le cadre d'une thèse visant à connaître l'articulation d'un système intra-urbain – Noyon dans l'Oise – et son système de villes depuis le Ier s. apr. J.-C. jusqu'à la fin du XVIIIe s. pose de nombreuses questions d'ordre théorique et méthodologique. Quant aux questions théoriques, il s'agit de se demander à quels domaines de la société le concept de taille renvoie, et par delà de poser le débat des relations entre taille et statut des villes (Galinié 2000, Lepetit 1988). Quant à la méthodologie, le temps long implique de questionner les indicateurs archéologiques qui permettent d'entreprendre une étude des systèmes de villes (Garmy et al. 2005, Garmy 2012). Dès lors une double difficulté apparaît : d'abord la pérennité de l'existence des indicateurs, ensuite la continuité du sens que l'on peut leur accorder afin de rendre comparable le phénomène à différentes périodes. Il nous semble que la surface de l'espace intra-urbain peut y répondre en tant qu'élément relatif à la population.
La présente communication souhaite interroger la pertinence de cet indicateur, en particulier à travers l'exploration statistique et spatiale de la relation entre surface et population – étude des formes des corrélations et spatialisation des résidus. Elle s'appuiera sur un corpus de 148 villes du nord de la France, dont on connaît d'une part le recensement de 1793 et d'autre part la surface densément occupée grâce à la carte de l'état-major dont les levées topographiques de l'espace étudié ont été effectuées entre 1818 et 1835.
Galinié 2000
Galinié H., « L'auto-organisation : paradigme ou habillage ? Des oppida aux métropoles », in Collectif (éd.), « La modélisation des systèmes de peuplement : débat à propos d'un ouvrage récent, Des Oppida aux métropoles », Les petits cahiers d'Anatole, Tours : Laboratoire Archéologie et Territoire, pp. 21‑28, 5.
Garmy 2012
Garmy P., Villes, réseaux et systèmes de villes : contribution de l'archéologie, Paris, Arles : Errance.
Garmy et al. 2005
Garmy P., Kaddouri L., Rozenblat C., Schneider L., 2005. « Logiques spatiales et « systèmes de villes » en Lodévois de l'Antiquité à la période moderne », in Berger, Jean-François, Bertoncello, Frédérique, Braemer, Frank, Davtian, Gourguen, Gazenbeek, Michiel (éd.), Temps et espaces de l'homme en société. Analyses et modèles spatiaux en archéologie (XXVe Rencontres internationales d'archéologie et d'histoire d'Antibes, 21-23 octobre 2004). Antibes : APDCA. 2005. pp. 335‑341.
Haggett 1973
Haggett P., L'analyse spatiale en géographie humaine, Paris : Armand Colin. coll. U.
Lepetit 1988
Lepetit B., Les villes dans la France moderne (1740-1840), Paris : Albin Michel.
Pumain 1997
Pumain D., « Pour une théorie évolutive des villes », Espace géographique, 26, 2, pp. 119‑134.