Depuis 2001, des recherches archéologiques sont menées dans l'archipel de Molène-Ouessant et sur la commune littorale du Conquet. Elles concernent des prospections systématiques, plusieurs sondages et prélèvements, ainsi que des opérations de fouille. En 2013, un travail universitaire a permis de répertorier ces données. Toutes les typologies à même de retranscrire les modalités d'occupation d'un territoire ont été indexées : habitats et indices d'habitat (amas coquilliers, fours, abris sous roche...), sépultures mégalithiques et pierres dressées, pêcheries, etc. Une première cartographie des occupations humaines connues a donc pu être réalisée. Ces cartes permettent d'avoir une vision globale de ce secteur géographique et d'en décrire l'organisation au cours des âges. Ce travail s'est vu compléter en 2014 et 2015 par des sondages sur estran et des prospections sous-marines. Pour l'heure, quelques 550 sites et indices de site sont inventoriés, datés du Paléolithique à la fin du Moyen Age.

Cette approche diachronique de l'histoire de l'archipel, encouragée par le recours à d'autres disciplines comme la géologie, la géophysique et la paléo-géographie, a permis de mieux comprendre le statut des îles aux périodes concernées (occupations pérennes ou saisonnières). Partant de ces résultats, il nous a semblé intéressant d'exploiter la richesse de ce corpus en intégrant la composante spatiale du territoire – d'autant que le laboratoire LETG dispose d'un modèle alti-bathymétrique de résolution 1 x 1 m (élaboré dans le cadre du programme Litto3D) qui autorisera la réalisation d'analyses de surfaces. Par ailleurs, le recours au logiciel de traitement 3D Fledermaus permettra de situer le résultat des analyses tout en matérialisant l'évolution supposée du trait de côte et des superficies intertidales.

Cette communication se propose d'aborder deux problématiques essentielles : l'impact des contraintes géographiques du territoire sur l'implantation anthropique (évaluation cumulative de la visibilité de certains types de sites en fonction de l'évolution du milieu marin et du relief) ; la localisation inter-sites – principalement, interaction entre habitats et vestiges funéraires, puis entre habitats et pêcheries. Trois volets agenceront cette présentation : composantes de la recherche et histoire de la zone d'étude, du peuplement de l'archipel et des paléopaysages ; outils statistiques afin d'expliquer l'emploi des analyses à suivre en fonction de la nature du jeu de données et des hypothèses de recherche ; analyses spatiales pour étudier la variabilité du corpus dans ses quatre dimensions. Des analyses de co-visibilité, de distance, de proximité, puis test du Khi2 ou calculs raster seront mobilisés pour éclairer la dynamique d'implantation de ces sociétés maritimes, pré-protohistoriques, antiques et médiévales.

L'approche spatiale de cette recherche n'en sera qu'à ces débuts. Les mouvements du peuplement étant conditionnés par deux facteurs essentiels - climat et disponibilité des ressources -, nous souhaiterions par la suite en étudier l'impact sur les sociétés, en intégrant les données des géomorphologues, des biologistes marins et des paléoécologues de l'Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM).